Articles

Errance paysagère - Suite

Image
  Il sort du labyrinthe, traverse la prairie verte et jaune qui se prolonge par un bois sombre, obscur reflet de son âme. Un chemin apparaît à l'orée du bois, il le prend. Je me demande si je suis réellement  sorti de mon rêve. Le sentier, un peu creux, empli de feuilles mortes, s'enfonce sous ses pas. Une terre meuble, fragile mais accueillante. Sur la gauche on devine les restes d'un vieux cabanon abandonné, puis deux chemins s'ouvrent à lui. Lequel prendre? Ça lui fait penser aux réactions aléatoires de l'évolution biologique ou homéostasique. Certaines choses aboutissent, d'autres pas,  dans le processus de l'évolution cela se fait par instinct ou par automatisme. «Chaque chose selon sa puissance d'être s'efforce de persévérer dans son être» dirait Spinoza. Il sourit en repensant à l'époque où il le lisait sans comprendre. Je suis un être conscient et responsable mais je vais me fier au hasard. Il laisse son corps décider. Se sentant légè

Chanson sur la ville

Image

ITINÉRANCE

Image
D ' abord faire le trajet dans sa tête puis avec ses pas. Il est tracé depuis longtemps, on le porte en soi, même si l'on y pense pas. Incrusté tel un filament dans le corps, de ces choses qui ont la régularité et la certitude d'un mécanisme sans fin. Actes répétitifs invariables qui nous constituent. Parfois cependant on leur ajoute quelques variantes suivant des imprévus qui se manifestent, intérieurement ou extérieurement, une tangente ou une rue parallèle, un détour. Je suis un fantôme dans les rues, errant à la recherche d'un passé. C'est un parcours en diagonale, en quinconce, labyrinthique, qui me correspond. Pourquoi avoir choisi, cette itinérance, je ne sais pas; écrire permettra peut-être de le dire, de faire surgir de soi un passé enfoui. Pour l'instant il pleut, il fait froid, un brouillard opacifie la ville. Je ne ressens rien, sinon ce froid, ce brouillard qui s'infiltre partout, en moi, sur les murs, sur les pavés. Je prends d

Les quatre soleils

Image
Je ne sais ce qui me prit ce jour là, je sortais de la bibliothèque de Tarentaize,  l'esprit morose de n'avoir pas trouvé de livres, j'étais d'une humeur aussi grise que les murs de la ville, quand passant devant le palais de justice déboula devant moi une silhouette semblant sortir d'une bande dessinée, un personnage de papier glissant le long des murs, sans trop de couleur, une estompe se détachant à peine des maisons aux yeux clos. Parka grise à capuche sur un jeans noir serré, chevelure chatain nouée en queue de cheval.  On aurait dit un personnage de l'album de Catherine Meurisse, « la Légèreté». Petite, frêle, menue, sans épaisseur, un souffle de vent aurait pu l'envoler. Ce qui me passa par la tête!...rien!...C'est mon corps qui décida et la suivit. Je mis mes pas dans les siens comme une somnanbule. J'étais sortie de mes pensées. Elle marchait vite. Je dus prendre aussi un rythme rapide pour ne pas la perdre de vue. Cette filature m