ITINÉRANCE
D ' abord faire le trajet dans sa tête puis avec ses pas. Il est tracé depuis longtemps, on le porte en soi, même si l'on y pense pas. Incrusté tel un filament dans le corps, de ces choses qui ont la régularité et la certitude d'un mécanisme sans fin. Actes répétitifs invariables qui nous constituent. Parfois cependant on leur ajoute quelques variantes suivant des imprévus qui se manifestent, intérieurement ou extérieurement, une tangente ou une rue parallèle, un détour. Je suis un fantôme dans les rues, errant à la recherche d'un passé. C'est un parcours en diagonale, en quinconce, labyrinthique, qui me correspond. Pourquoi avoir choisi, cette itinérance, je ne sais pas; écrire permettra peut-être de le dire, de faire surgir de soi un passé enfoui. Pour l'instant il pleut, il fait froid, un brouillard opacifie la ville. Je ne ressens rien, sinon ce froid, ce brouillard qui s'infiltre partout, en moi, sur les murs, sur les pavés. Je prends d...